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Par aamandinee le 17 Juin 2008 à 18:42Il faut retarder l'heure matinale de se revoir au miroir.
Aujourd'hui un peu plus mort qu'hier,
et bien moins que demain..."
C'est beau ce que je dis là.
On dirait du Giraudoux.
Quel âne ce Giraudoux.
Pourtant il était Limousin.
Mais quel âne.
Encore un qui buvait de l'eau.
On n'écrit pas Ondine impunément.
j'exagère. Ondine, c'est pas que de la flotte.
Il y a à boire et à manger.
Rappelez vous de la scène du dîner de l'acte 2.
Si, rappelez-vous :
La scène représente la cène.
Côté cour, un jardin, côté jardin, la mer.
Au centre, l'humble masure d'Ondine, au dos des dunes, où la mère d'Ondine dresse la table.
Par la fenêtre, Ondine regarde la mer.
Pas la mère, la mer. Elle est amère. Pas la mer, Ondine.
Ondine scrute l'océan où ça merdoit (pardon), où son père doit chasser le congre ou le bar.
Le congre que le bar abhorre ou le bar que le congre hait.
Car Ondine à la dalle et la mère à les crocs.
Selon qu'il aura pris la barque à bars ou la barque à congres,
le père devra remplir la barque à bars à ras bord de bars ou
la barque à congres à ras bord de congres.
Or, il n'a pas pris la barque à congres ; Il a pris la barque à bars.
A l'arrière plan, le spectateur voit, au flanc de la montagne rouge feu, moutonner un maquis vert.
Il y serpente des chemins rares qui débouchent soudain sur des criques sauvages où nul imbécile, cintré dans sa bouée Snoopy ne vient jamais ternir de son ombre grasse etpopulacière, l'irréelle clarté des fonds marins mordorés, où s'insinue le congre que donc, le bar abhorre.
Oui : le bars abhorre le congre par atavisme. Le congre est barivore. Et donc le bar l'abhorre.
Le bar est fermé aux congres du même fait que le palais des congres est ouvert au bar.
Le court extrait d'Ondine que je vais avoir l'honneur de vous interpréter se situe au moment précis où Ondon, le frère d'Ondine, part pour la Crète. La nuit tombe.La mère d'Ondine et d'Ondon appelle sa fille.
La mère -" Ondine ! "
Ondine -" Oui la mère ? "
La mère -" T'as vu l'heure ? "
Ondine -" Et alors,la mère ? "
La mère -" Et alors on dine . "
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Par aamandinee le 17 Juin 2008 à 18:14Je hais les cintres.
Le cintre agresse l'homme. Par pure cruauté.
Le cintre est le seul objet qui agresse l'homme par pure cruauté.
Le cintre est un loup pour l'homme.
Il y a des objets qui agressent l'homme parce que c'est leur raison d'être.
Prenez la porte. (Non. Ne partez pas. C'est une façon de parler.)
Prenez la porte. Une porte. Il arrive que l'homme prenne la porte dans la gueule. Bon.
Mais il n'y a pas là la moindre manifestation de haine de la part de la porte à l'encontre de l'homme.
L'homme prend la porte dans la gueule parce qu'il faut qu'une porte soit ouverte, ou bleue.
Le cintre, lui, est foncièrement méchant.
Personnellement, l'idée d'avoir à l'affronter m'est odieuse.
Il arrive cependant que la confrontation homme-cintre soit inévitable.
Quelquefois, plus particulièrement aux temps froids, l'envie de porter un pantalon se fait irrésistible.
L'homme prend alors son courage et la double porte du placard à deux mains.
Il est seul. Il est nu. Il est grand.
Son maintien est digne, face au combat qu'il sait maintenant inéluctable.
Son buste est droit. Ses jambes, légèrement arquées. Ses pieds nus arc-boutés au sol.
Comme un pompier face au feu, il est beau dans sa peur.
Les portes du placard s'écartent dans un souffle.
Les cintres sont là, accrochés à leur tringle dans la pénombre hostile.
On dirait un rang de vampires agrippés à la branche morte d'un chêne noir dans l'attente silencieuse du poulain égaré au tendre flanc duquel ils ventouseront leur groin immonde pour aboucher son sang clair en lentes succions gargouillées et glaireuses, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Cependant, l'attitude de l'homme n'est pas menaçante.
Simplement, il veut son pantalon. Le gris, avec des pinces devant et le petit revers.
L'oeil averti de l'homme a repéré le pantalon gris.
Il est prisonnier du troisième cintre en partant de la gauche.
C'est un cintre particulièrement dangereux. Sournois.
Oh. Il ne paie pas de mine.
En bois rose, les épaules tombantes, il ferait plutôt pitié.
Mais regardez bien son crochet. C'est une poigne de fer. Elle ne lâchera pas sa proie.
L'homme bande. Surtout ses muscles.
Il avance d'un demi-pas feutré, pour ne pas éveiller l'attention de l'ennemi.
C'est le moment décisif.
De la réussite de l'assaut qui va suivre dépendra l'issue du combat.
Avec une agilité surprenante pour un homme de sa corpulence, l'homme bondit en avant.
Sa main gauche, vive comme l'éclair, repousse le cintre pendu à gauche du cintre rose, tandis que sa main droite se referme impitoyablement sur ce dernier.
La riposte du cintre est foudroyante.
Au lieu d'accentuer sa pression sur la tringle, il s'en échappe brutalement, entraînant dans sa chute le pantalon, le gris, avec les pinces devant et le petit revers, celui-là même que l'homme veut ce matin parce que, non, parce que bon.
A terre, le cintre rose est blessé.
Rien n'est plus dangereux qu'un cintre blessé.
Dans son inoubliable "J'irai cracher sur vos cintres", Ernest Hemingway n'évite-t-il pas d'aborder le sujet ?
Un silence qui en dit long, non ?
L'homme, à présent, est à genoux dans le placard.
De sa gorge puissante monte le long cri de guerre de l'homme des penderies.
"Putain de bordel de merde de cintre à la con, chié."
Le cintre rose a senti le désarroi de l'homme. Il va l'achever.
Il s'accroche dans le bois d'un autre cintre tombé qui s'accroche à son tour dans la poignée d'une valise.
Il fait noir. La nuit, tous les pantalons sont gris.
L'homme, vaincu, n'oppose plus la moindre résistance.
Le nez dans les pantoufles, il sanglote, dans la position du prieur d'Allah, la moitié antérieure de son corps nu prisonnière du placard, l'autre offerte au regard de la femme de ménage espagnole.
Il souffre. Quelques gouttes de sueur perlent à sa paupière.
Il n'est qu'humilité, désespoir et dégoût.
Quelques couilles de plomb pendent à son derrière.
Il a soif, il a froid, il n'a plus de courroux.
"Donne-lui tout de même un slip", dit mon père.
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Par aamandinee le 17 Juin 2008 à 17:23
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